24/04/2024

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LUTTER CONTRE LES PUCERONS AU NATUREL

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Puceron vert Pois Wu

Puceron vert sur pois. ©Shipher Wu

Mon jardin est envahi de pucerons, comment s’en débarrasser ?

Se nourrissant de la sève des végétaux qu’ils colonisent en formant des chapelets sur les jeunes pousses, les pucerons sont des insectes piqueurs-suceurs (ordre des Hémiptères). On compte une cinquantaine d’espèces nuisibles aux plantes qui  attaquent une large palette de cultures ornementales, potagères et fruitières. Les pucerons ravageurs montrent une prédilection pour les : artichaut, capucine, cerisier, chicorée, dahlia, érable, fève, fuchsia, groseillier, haricot, laitue, pêcher, peuplier, prunier, pommier, rosier, seringat, spirée, viorne.

Mesurant entre 1 et 4 mm de long en moyenne, les pucerons sont munis d’un rostre avec lequel ils percent la cuticule (peau) de la plante et dont ils se servent comme pompe pour absorber la sève. La plupart des pucerons adultes ne possèdent pas d’ailes (aptères) et se multiplient par parthénogénèse (sans accouplement). Les sujets ailés, mâles ou femelles, sont appelés des « fondateurs » car ils se reproduisent par voie sexuée et assurent la dissémination des colonies.

 

Puceron cendre pommier Fauna

Puceron cendré du pommier (Dysaphis plantaginea). ©Fauna

Les pucerons sont des bioagresseurs redoutables

Par leurs piqûres nombreuses et répétées, les pucerons provoquent des réactions chez les plantes attaquées, dont les tiges et les feuilles se déforment et se crispent. En prélevant de la sève, les pucerons entravent sa circulation et les organes végétaux sont moins irrigués, ce qui conduit à un développement chétif.

Par ailleurs, nombre d’espèces de pucerons constituent des vecteurs de maladies à virus, notamment la Sharka, maladie virale spécifique des arbres fruitiers à noyaux, transmise par le puceron vert du prunier (Brachycaudus helichrysi).

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Des jeunes feuilles de boule de neige (Viburnum opulus) se sont crispées sous l’attaque des pucerons noirs de la fève (Aphis fabae). © Nicole & Patrick Mioulane – NewsJardinTV

•  Tout savoir : le phylloxéra (Daktulosphaira vitifoliae), qui a failli détruire la quasi-totalité du vignoble français au dix-neuvième siècle, est aussi un puceron. Il attaque les racines et forme des galles sur les feuilles. Les plants attaqués meurent dans les trois ans.

Phylloxera

Les galles caractéristiques d’une attaque de phylloxéra. ©Flora

Comment réduire les risques d’infestation de pucerons ?

Les pucerons constituent une source de nourriture pour de nombreux hôtes du jardin, à commencer par les oiseaux insectivores (mésanges, rouge-gorge, fauvette, moineau friquet, troglodyte mignon…) mais également les coccinelles et d’autres insectes prédateurs tels les larves de syrphes (diptère) et de chrysopes (névroptères). Lorsque l’équilibre biologique est obtenu dans le jardin, la quantité de pucerons présente sur chaque plante se limite à un seuil tolérable et les dégâts sont insignifiants.

Mesange Puceron Chardon Fauna

Une jeune mésange bleue dévore des pucerons sur un chardon. ©Fauna

N’amendez pas trop votre sol en matière organique et limitez les engrais azotés car ils favorisent le développement de pousses aux tissus très tendres, très attractives pour les pucerons.

Posez des bandes de glu autour du tronc des arbres ou badigeonnez-en le pied des arbustes afin d’empêcher les fourmis (surtout Lasius niger) de transporter les pucerons sur les jeunes pousses. Les formicidés pratiquent en effet « l’élevage » de pucerons dont elles consomment le miellat.

La palpation par les antennes des fourmis du des pucerons provoque la sécrétion du miellat qui constitue pour ces hyménoptères sociaux un complément alimentaire riche en sucre.

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Une fourmi stimule le cloaque du puceron qui produit aussitôt une goutte de miellat. © Nicole & Patrick Mioulane – NewsJardinTV

 Dès l’apparition des premiers chapelets de pucerons, vous pouvez couper les pousses infestées et les brûler. C’est une technique de contrôle des populations vraiment efficace, à recommander surtout sur les cerisiers et les groseilliers dont les feuilles attaquées se crispent, constituant des protections (sortes de parapluies) sous lesquelles les pucerons se trouvent protégés des insecticides « bio » qui n’agissent que par contact.

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La suppression des pousses attaquées par les pucerons constitue une bonne prophyllaxie. © Nicole & Patrick Mioulane – NewsJardinTV

 Le traitement, une protection nécessaire

La tendance du moment étant de laisser supposer que « la nature fait toujours bien les choses », on peut être tenté de ne pas intervenir en cas d’attaque des plantes du jardin par les pucerons. Après tout, les auxiliaires (voir plus loin dans le texte) pourraient faire le travail à notre place. En réalité une lutte efficace passe par la mise en œuvre de l’ensemble des dispositifs possibles car le potentiel reproducteur des pucerons est colossal, jusqu’à vingt générations pouvant se succéder dans l’année.

Puceron Naissance Parthenogenese

Naissance d’un puceron vert par parthénogénèse. ©Shipher Wu – Taïwan University

 Lorsque les conditions climatiques sont favorables (chaleur et humidité), la démographie galopante des aphidiens dépasse très largement les capacités régulatrices de leurs prédateurs naturels. Il faut savoir aussi que les pucerons sont actifs dès que la température ambiante dépasse 5 °C, tandis que les coccinelles et autres auxiliaires ne se mettent en chasse qu’à partir de 10 à 15 °C.

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Les pucerons (ici le puceron noir de la fève) développent rapidement des colonies importantes, d’où l’obligation d’intervenir. © Nicole & Patrick Mioulane – NewsJardinTV

 Un traitement 100% naturel

Comme l’emploi des insecticides de synthèse sera interdit dans les jardins d’amateurs dès janvier 2019, autant prendre les devants sur la législation et utiliser des insecticides d’origine végétale. Les produits formulés à base d’huile de colza sont utilisables  en agriculture biologique et s’emploient sur quasiment toutes les plantes : arbres et arbustes fruitiers, légumes, rosiers, fleurs, arbres et arbustes d’ornement, qu’ils soient cultivés en pleine terre ou en pots (voir plus loin la liste des espèces sensibles à ne pas traiter).

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Formulé à base d’huile de colza, le produit Naturen Eradibug est utilisable en agriculture biologique. © Nicole & Patrick Mioulane – NewsJardinTV

Le large spectre d’action des insecticides à base d’huile de colza assure une efficacité sur un grand nombre d’insectes, dont les cochenilles, à tous les stades d’évolution : œufs, larves et adultes, mais aussi sur les acariens (araignées rouges). La quasi innocuité du produit permet de traiter jusqu’à seulement deux jours avant la récolte. Ces produits ne sont pas classés comme dangereux conformément au règlement (CE) n° 1272/2008 et ses modifications (aucun effet important ou danger critique connu), à la fois sur l’homme, les animaux à sang chaud et les espèces aquatiques.

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Pulvérisez l’insecticide à base d’huile de colza à la fois sur et sous les feuilles (ici un Physocarpus ‘Diabolo’). © Nicole & Patrick Mioulane – NewsJardinTV

 Les insecticides à base d’huile de colza sont efficaces toute l’année, toutefois ils ne s’utilisent pas par temps de gel. Après deux applications seulement, on observe une réduction significative du nombre de pucerons sur les cultures traitées. En cas de forte infestation, renouvelez le traitement une à deux semaines plus tard.

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Du fait de son effet asphyxiant, l’insecticide à base d’huile de colza agit sur toutes les sortes de pucerons : verts, gris, noirs, ailés et même lanigères. © INRA Bernard

 La préparation du traitement

Pour les petits jardins ou les balcons, optez de préférence pour un traitement pucerons. Présenté en vaporisateur, il ne nécessite ni préparation, ni dosage.

Attention : l’utilisation des produits à base d’huile de colza est déconseillée dans la maison car ils tachent les meubles. Sortez  sur la fenêtre ou le balcon les plantes d’intérieur nécessitant un traitement.

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Conditionné en pulvérisateur de 800 ml, le produit « Pucerons Naturen Eradigun » est une solution liquide prête à l’emploi, formulée avec 16,9 g/l d’huile de colza. Ici, traitement de la vigne. © Nicole & Patrick Mioulane – NewsJardinTV

 Conseils pour un traitement efficace

Agitez énergiquement le produit avant l’emploi. Pulvérisez en prenant soin de bien mouiller l’ensemble des feuilles, des tiges et le tronc, sans aller jusqu’au ruissellement (excepté sur les pucerons lanigères du pommier). La dose d’emploi homologuée est de 1 l pour 10 mètres carrés. En cas de forte infestation, renouvelez le traitement après 7 à 14 jours. Ne dépassez pas trois applications par an.

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Secouez bien l’insecticide à base de colza prêt à l’emploi pour homogénéiser le contenu du pulvérisateur. © Nicole & Patrick Mioulane – NewsJardinTV

 Traitez uniquement par temps calme et doux (maximum 25 °C), lorsque les plantes ne sont pas exposées en plein soleil et bien sûr jamais en présence d’abeilles et autres pollinisateurs.

Arrosez généreusement les plantes avant de les traiter, pour que leurs feuilles supportent bien la pellicule huileuse, il ne faut pas qu’elles aient été stressées par la sécheresse. Un ombrage des plantes après traitement étant conseillé, pour les sujets en pleine terre, opérez de préférence en fin de journée.

Après application d’un insecticide contenant de l’huile de colza, attendez 10 jours avant de traiter avec un fongicide à base de soufre ou de cuivre (bouillie bordelaise).

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Traitez les plantes avec l’insecticide à base d’huile de colza, de préférence en soirée et lorsqu’elles se trouvent à l’ombre. Ici un rosier. © Nicole & Patrick Mioulane – NewsJardinTV

 Les plantes à ne pas traiter : certaines espèces supportent mal le contact avec les produits huileux, il ne faut donc pas pulvériser sur elles d’anti-pucerons à base d’huile de colza. C’est le cas des : arum (Zantedeschia), bégonias, cactées, caladium, coléus (Solenostemon), datura en arbre (Brugmansia), chrysanthèmes, conifères bleus, cyclamen, fougères, gloxinia (Sinningia), lierre, kalanchoe, misère (Tradescantia), orchidées (Cattleya, Cymbidium, Dendrobium, Oncidium, Paphiopedlium, Phalaenopsis, Vanda…), phalangère (Chlorophytum), piment et poivron, plante aux éphélides (Hypoestes), plantes carnivores (Dionaea, Drosera, Nepenthes, Sarracenia…), poinsettia (Euphorbia pulcherrima), primevère, violette du Cap (Saintpaulia), Schefflera, Streptocarpus, vesce (Vicia sativa), etc.

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    Ne traitez pas les cactées et les plantes succulentes (ici des agaves, Paysagiste Philip Nash) avec les insecticides à base d’huile de colza. © Nicole & Patrick Mioulane – NewsJardinTV

 La lutte biologique avec des coccinelles

Parmi les très nombreux prédateurs naturels que comptent les pucerons, les coccinelles (il en existe 80 espèces en France) s’imposent à l’image des jardiniers en tant que toute première arme pour la lutte biologique.  On utilise couramment la coccinelle à deux points (Adalia bipunctata) comme auxiliaire car c’est la plus vorace de nos espèces indigènes. Elle consomme de 30 à 40 pucerons par jour et ses larves (appelées triongulins) entre 12 et 50. Sachant qu’une femelle Adalia pond entre 20 et 50 œufs par jour, elle représente un fort potentiel de réduction des populations de pucerons.

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Adalia bipunctata est un auxiliaire précieux qui se nourrit de pucerons. ©Fauna

 On peut acheter des coccinelles sur Internet, qui vous sont livrées directement par colis express (il n’est pas possible pour les jardineries de stocker des auxiliaires biologiques vivants). Il suffit d’accrocher sur les plantes infestées un ou plusieurs sachets (un seul par rosier ou arbuste) contenant 15 coccinelles adultes.

 • Attention : n’utilisez pas les coccinelles pour lutter contre le puceron cendré du chou (Brevicoryne brassicae) car cette espèce sécrète certaines substances (protéines et enzymes) qui  synthétisent une toxine mortelle pour les triongulins.

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Accrochez le sachet de coccinelles à une branche, près de la colonie de pucerons. © Nicole & Patrick Mioulane – NewsJardinTV

 Un piégeage écologique, efficace et simple

Toujours dans un esprit de jardinage raisonné, vous pouvez, à la maison, sur le balcon ou en serre, piéger les pucerons ailés, ainsi que les aleurodes ou « mouches blanches », qui sont des insectes très voisins des pucerons, en disposant des pièges près des plantes en pots. Il s’agit de plaques de couleur jaune résistantes à l’eau et recouvertes de glu recto et verso.

Le jaune vif attire irrésistiblement ces insectes (mais aussi les mouches mineuses, les thrips et les cicadelles). Les pièges, accrochés sur la tige support qui est fournie avec, sont plantés directement dans les pots ou les jardinières. Ils doivent être renouvelés toutes les 6 à 8 semaines ou dès qu’ils sont couverts d’insectes.

Pour une efficacité maximale, installez les pièges jaunes dès le début de la culture, avant l’arrivée des ravageurs.

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Décollez délicatement les feuilles qui protègent recto-verso la plaque de glu, et le piège est prêt à fonctionner. © Nicole & Patrick Mioulane – NewsJardinTV

 

 

 

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