16/10/2024

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L’EXTRAORDINAIRE FLORE DE SOCOTRA, L’ARCHIPEL OUBLIÉ

Boswellia popoviana

Situé dans la corne de l’Afrique, Socotra est un archipel situé à environ 90 km des côtes de la Somalie et à 360 km du Yémen auquel il appartient. Socotra est un mythe. Dès le sixième siècle av. J-C, elle a été visitée par les Phéniciens, les Grecs, les Romains qui la connaissaient sous le nom de Dioscoride (Dioscoridis insula). Les marchands arabes et Indiens y abordaient pour son encens, la sève de ses aloès et son mystérieux « sang de dragon » le Dracaena cinnabari. Depuis le milieu du premier siècle de notre ère et pendant plus de 1 500 ans, Socotra est restée chrétienne.

Boswellia popoviana

Boswellia popoviana

Selon la légende, le bateau de l’un des apôtres de Jésus, Thomas, fit naufrage à Socotra, puis au neuvième siècle, l’île fut colonisée par la tribu des Mahri du sud du Yémen. Les habitants de Socotra se nourrissant essentiellement de dattes qu’ils conservent, encore aujourd’hui, dans des outres en peau de chèvre, cette île pourrait bien être l’habitat d’origine du palmier-dattier Phoenix dactylifera dont on a perdu la trace au fil des siècles de domestication.

L’archipel aux 850 espèces de plantes

L’archipel de Socotra est constitué par quatre îles importantes. La plus grande qui porte le nom générique de Socotra, couvre 3 625 km2. Elle mesure 135 km de long pour 33 km de large.  Abd-el Kuri a une superficie de 133 km2 ; elle mesure 33 km de long pour 2,5 km de large. Les îles des Frères sont les plus petites, Samha s’étend sur 41 km2 , Darsa sur seulement 16 km2 . L’archipel est isolé de juin à septembre par des vents violents de mousson, ce qui a sans doute largement contribué à son mythe et à ses mystères…

La flore de Socotra représente 850 taxons (genres, espèces et variétés), dont 15 genres endémiques. Si l’on compare avec les Galapagos (7 844 km2 ) dont la superficie est donc deux fois plus importante, l’île de Socotra est peuplée de 307 plantes endémiques contre 229 aux Îles sud-américaines. C’est dire l’importance qu’occupe Socotra dans le domaine de la biodiversité et de sa conservation. J’y ai comptabilisé 70 espèces de plantes que l’on peut considérer comme succulentes et dont la majeure partie est endémique.

L’arrivée par avion est spectaculaire, avec une vision panoramique de l’île jusqu’à l’apparition de la piste d’atterrissage.  La capitale, Hadibo est toute proche, mais tout de suite, le paysage coupe le souffle. La nature a été préservée d’une manière remarquable et l’on a l’impression de plonger dans le passé de lnotre planète à la recherche de nos origines. Dans cette île aride, oú l’eau est rare et précieuse, chacun la stocke à sa manière, y compris les plantes. Curieusement, le manque crée l’obésité et le gigantisme. C’est le territoire des Adenium obesum ssp. socotranum (Apocynaceae) que certains nomment « baobab chacal », des étonnantes Cucurbitacées arborescentesDendrosicyos socotrana et autres merveilles de la nature.

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Adenium obesum ssp. socotranum. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

Et lorsque la sécheresse laisse enfin la place à la pluie salvatrice, les adeniums se couvrent de feuilles et de gloire. Ils font le plein de vie. Ici, les végétaux n’ont pas d’épines, car ils n’ont pas de prédateurs. Et parce qu’on ne sait jamais, les adeniums sont vénéneux et les euphorbes possèdent une sève toxique, que les nouveaux venus, ces êtres à deux pieds qui traînent 4 pattes, soit, les humains et leurs chèvres acrobates, ne pourront ni manger ni utiliser.

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Adenium socotranum. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

Les jatrophas se laissent grignoter par quelques insectes, peu importe l’espèce ; il existe des contrats d’assistance nécessaires : se faire féconder par des mouches ou des fourmis vaut bien qu’on leur offre un repas ! De son côté, Croton socotranus, une autre euphorbiacée qui cohabite dans le biotope avec les Dendrocyros, peuple les plaines sur d’interminables distances. Heureusement que cette plante aux curieuses fructifications globuleuses, est très abondante, car elle sert de combustible aux tribus et constitue le repas quotidien des câprins. On trouve à ses pieds l’omniprésent Cissus subaphylla, incomestible, mais qui assure un couvert végétal indispensable au développement des plantules des autres espèces.

Croton socotranum Qalansyah P1170744

Croton socotranus. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

Une foule de buissons et d’arbustes étranges

Le paysage de Socotra se distingue aussi très vite par la présence d’arbres à encens (Boswellia) dont il existe ici sept espèces (famille des Burseraceae). Parmi les plus communes : Boswellia popoviana, forme un arbuste à fleurs rouges qui atteint 3 m et Boswellia socotrana, endémique de l’île et qui s’impose comme un arbre dont la cime s’étale avec l’âge. Le plus commun des arbres à encens de Socotra est Boswellia elongata. Malgré le fait que la distribution de ce genre soit assez partagée, il est relativement facile de reconnaître les espèces grâce à la diversité de leur feuillage.

Les Boswellia sont attachés à l’un des secrets les mieux gardés des Socotris, dont les Phéniciens ont diffusé la légende durant des siècles : Socotra serait l’île du Phénix, l’oiseau mythique qui renaissait de ses cendres. En fait, de cendres, il s’agissait de la résine des arbres à encens. Quant à l’oiseau, c’est un vautour percnoptère, dont Socotra abrite la plus grande colonie de tout l’Océan Indien. Voilà donc le mystère du Phénix résolu !

Dans les ravins, le plus grand des arbres de la région trône et démontre sa rareté par le nombre restreint de ses spécimens. Il s’agit de Sterculia africana ssp. socotrana qui a donné son nom à la famille des Sterculiaceae (aujourd’hui intégrée aux Malvaceae) et dont le genre est dédié à Sterculius, dieu Romain de la croissance des végétaux.

Sterculia africana ssp. socotrana

Sterculia africana ssp. socotrana ©www.map-photos.com – Joël Lodé

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Boswellia elongata. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

Mais le plus curieux de tous les arbres succulents qui peuplent le paysage est certainement Dendrosicyos socotrana nommé parfois « arbre à concombres ». C’est la seule Cucurbitaceae arborescente, certains spécimens pouvant atteindre jusqu’à 6 m de haut pour 1 m de diamètre. Semer cette espèce est un plaisir ; elle germe avec facilité et les plantules âgées de quelques mois seulement forment une réplique en miniature de la plante adulte. Après avoir parcouru moins de 30 km depuis l’aéroport, nous sommes déjà plongés dans un rêve de botaniste…

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Dendrosicyos socotranum et Dracaena cinnabari. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

Pas très loin de Hadibo vers l’Est, un petit village de pêcheurs est le but de ma mission : Arihun en Socotri, Quariyah en arabe. C’est là que je vais prélever des échantillons biologiques de Phoenix dactylifera pour l’Université de Murcia. Les dattes constituent un aliment de base précieux pour les habitants de Socotra. C’est aussi à cet endroit que l’on peut  sans doute observer le seul, autre palmier existant sur l’île : Borassus aethiopium. Cette espèce développe un stipe unique qui peut dépasser 20 m de haut et un généreux bouquet de feuilles en éventail. Mais l’île du Phoenix n’est pas surnommée ainsi par ses habitants à cause des palmiers

Dans la palmeraie, il est possible aussi d’observer les fleurs étoilées jaunâtres de Sarcostemma viminale, une asclépiadacée qui vit en commensalisme avec Cissus subaphylla.

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Borassus aethiopium. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

Une exploration difficile, mais passionnante

Hadibo n’a rien d’une capitale, c’est à peine un petit village famélique, à l’image d’une île sauvage qui compte moins de 50 000 habitants. La pauvreté est aussi grande que la gentillesse des Socotris. Sur le plan touristique, n’espérez pas beaucoup de Socotra. Impossible de louer une voiture sans chauffeur, il n’y a pas de transport public, pas de taxis. Oubliez votre portable et vos cartes de crédits. En dehors de la capitale, un guide local est nécessaire car la majeure partie de la population ne parle pas arabe, mais socotri, un langage non écrit, d’origine sémitique.

Culminant à 1 505 m d’altitude, les Monts Haghier constituent la partie la plus élevée de l’île. Il s’agit d’un massif granitique supposé ne pas avoir été submergé durant le Mézozoïque. Il est à l’origine de nombreux endémismes qui font de Socotra un véritable laboratoire vivant. En dépit de cette région d’altitude, l’île est malgré tout aride avec des précipitations de l’ordre de 130 à 170 mm par an, probablement plus vers l’intérieur.

Deux endroits extrêmement intéressants pour les botanistes sont représentés par la région de Homhil et le plateau d’Hamaderoh, situés un peu plus à l’est de l’île. Dès la montée, l’une des plantes les plus communément observée est Cissus subaphylla. Il portait des fleurs et des fruits lors de ma visite.

Cissus subaphylla

Cissus subaphylla. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

 Plus rare, et à tiges anguleuses, Cissus hamaderohensis peuple le sommet du plateau. Il forme un buisson enchevêtré de tiges plates et articulées vert glauque. Cette espèce caduque peut se comporter comme une volubile grimpante et s’accrocher avec des vrilles à tout type de support. Un câprier sauvage, Capparis cartilaginea,  qui prend l’aspect d’un arbuste rabougri à l’écorce revêtue d’une poudre cireuse, fait apprécier ses grandes fleurs blanches aux étamines dressées.

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Cissus hamaderohensis. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

Rencontre avec le sang de dragon

Un arbre à myrrhe vit à Hamaderoh, mais également en d’autres endroits de l’île : Commiphora ornifoliaInscrit sur la liste rouge des plantes menacées d’exctinction de l’UICN (Union internationale pour la Conservation de la nature), cet arbre endémique de Socotra, se caractérise par un tronc bosselé et des  branches tortueuses.

Fait intéressant pour être noté, l’un des plus jeunes dragonniers de Socotra (Dracaena cinnabari)  que j’ai rencontré, était isolé sur un piton rocheux. La régénérescence de cette asparagacée arborescente est apparemment terminée ; on trouve très peu de jeunes exemplaires. En revanche les spécimens adultes font partie des plantes les plus spectaculaires de l’île. Leur houppier en parasol très régulier est tout à fait étonnant.

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Dracaena cinnabari. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

Tout comme aux îles Canaries et à la Réunion, les dracaenas ne se reproduisent plus sur Socotra, sans doute en raison d’un bouleversement climatique qui a débuté il y a fort longtemps et qui perdure encore aujourd’hui… Seuls les jeunes Dendrosicyos socotranum qui germent dans un endroit protégé de l’appétit des chèvres, peuvent prétendre à devenir adultes et côtoyer les dragonniers géants. La résine des Dracaena est toujours utilisée par les Socotris pour obtenir le «sang de dragon», une substance colorante rouge qui sert également en médecine traditionnelle. Notez que les célèbres violons Stradivarius datant de la fin du dix-septième siècle, étaient recouverts d’un vernis contenant du « sang de dragon ».

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Dendrosicyos socotranum. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

Les Galapagos de l’Océan Indien

Certaines plantes qui ressemblent au dragonnier survivent de la même manière. C’est le cas de la bien nommée Euphorbia arbuscula qui, après avoir formé un buisson très ramifié, devient un véritable arbre en vieillissant. La plante jeune sert de fourrage aux herbivores locaux qui, lorque l’année est sèche, peuvent brouter la plante jusqu’à la racine, d’où une raréfaction de l’espèce. Sur le plateau, le paysage est magique, on a l’impression de visiter une autre planète. Le degré de biodiversité est impressionnant et l’endémisme des espèces végétales très élevé ; c’est ce qui a fait surnommer l’archipel de Socotra « les Galapagos de l’Océan Indien ».

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Euphorbia arbuscula. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

Parmi les cinq espèces d’euphorbes existant sur Socotra, on peut aussi observer Euphorbia spiralis, mais elle est ici rarement spiralée, comme l’indique son nom. Il semble que ce soient les jeunes sujets qui présentent une tige vrillée. Cette euphorbe accompagne souvent les Adenium obesum.

Dans cette partie de l’île,Euphorbia schimperi prend un aspect plus lâche, avec des tiges allongées et retombantes tandis que près de la côte, elle forme des petits buissons compacts. Cette espèce buissonnante et non épineuse se pare de nombreuses fleurs jaunes.

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Euphorbia schimperi. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

Quelques rencontres botaniques intéressantes

Sur Hamaderoh, on trouve le Kalanchoe farinacea qui fait partie des plantes les plus communes sur l’île. il est reconnaissable à ses fleurs rouges. Beaucoup plus rare, peu connu et très localisé, Kalanchoe robusta ressemble à première vue à une Crassula à feuille de Cotyledon et porte des fleurs orange.

Kalanchoe robusta

Kalanchoe robusta. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

Parmi les trois espèces d’aloès qu’héberge l’île de Socotra, la plus commune est Aloe perryi, caractérisée par ses épines orange. La sève de cette plante très florifère, dont les épis atteignent 60 cm de haut, est toujours récoltée à des fins médicinales. Les rosettes peuvent être composées de trente feuilles épaisses portées plus ou moins horizontalement.

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Aloe perryi. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

On trouve également dans la zone, une asclépiadacée (aujourd’hui Apocynaceae) non succulente mais très belle, Glossonema revoilii. Ce genre méconnu compte cinq espèces reconnues par la nomenclature internationale. Plante assez courante en Afrique de l’Est, Glossonema revoilii est une vivace herbacée d’environ 30 cm de haut,dont la dimension des feuilles décroît au fur et à mesure que l’on se rapproche de l’apex. Les inflorescences composées d’étoiles bicolores jaune et rouge sont très attractives pour les insectes.

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Glossonema revoilii. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

Une autre apocynacée, succulente cette fois, bien connue et recherchée des collectionneurs est Edithcolea grandis, que j’ai également observée au Kenya. C’est un genre monospécifique, même si on trouve parfois la plante sous l’appellation Edithcolea sordida. Le nom de genre rend hommage à Edith Cole (1859-1940) qui  collecta le premier échantillon de la plante en 1895 dans les Monts Golis du nord de la Somalie. C’est une plante au port rampant, dont les tiges atteignent 30 cm de long. Elle se pare de fleurs étonnantes blanches striées de rayures concentriques sombres et qui finissent quasiment noires.

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Edithcolea grandis. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

La flore des anfractuosités rocheuses

Il existe 225 espèces d’oiseaux à Socotra dont seulement cinq sont endémiques. Nous avons aussi rencontré de nombreux lézards endémiques un peu partout et notamment dans les poches d’érosion des rochers calcaires colonisées par Portulaca quadrifida. Cette annuelle prostrée aux tiges rougeâtres de 25 cm de long, porte des feuilles opposées charnues et, à l’extrémité des tiges, des fleurs généralement solitaires, d’un beau jaune vif. C’est une plante très répandue dans toutes les zones tropicales arides où elles est souvent considérée comme une mauvaise herbe.

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Portulaca quadrifida. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

Le très rare Dorstenia socotrana (Moraceae) occupe le même biotope que Portulaca quadrifida. Ses feuilles arrondies, coriaces, semblent naître à même la roche. Il épanouit au cœur de la rosette une minuscule étoile multibranches de couleur rouge brique. On trouve aussi dans ces endroits l’arbre à encens Commiphora parvifolia. Il se miniaturise dans les fissures, à tel point qu’on pourrait le prendre pour Boswellia nana seules leurs feuilles permettant de les différencier aisément. Ces bonsaïs naturels sont façonnés par les chèvres qui les broutent sans vergogne.

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Commiphora parvifolia. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

La végétation du bord de mer

Les bords de plages sont colonisés par des halophytes (plantes qui affectionnent les sols salés) comme Halocnemum strobilaceum. Cette amaranthacée buissonnante de 20 à 60 cm de haut, est formée d’éléments cylindriques articulés qui rappellent la salicorne. Certaines plantes comme Euphorbia schimperi déjà présentée plus haut, sont ici plus compactes que dans l’intérieur des terres, car leur métabolisme est perturbé par le soleil et les vents violents qui sévissent six mois de l’année  dans cette région.

Halocnemum strobilaceum

Halocnemum strobilaceum. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

Parmi les plantes des rivages, quatre espèces de Tetraena (Zygophyllaceae) se trouvent à Socotra dont Tetraena alba et T. simplex. Ces petits buissons succulents au port plutôt dense, d’environ 50 cm de haut, se caractérisent par la production compacte de feuilles ovoïdes. ces dernières renferment un liquide qui est utilisé localement pour la toilette.

Tetraena alba

Tetraena alba. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

 Socotra morne plaine

Un peu plus loin sur la plaine, se détache sur l’immensité aride une apocynacée que j’ai pu observer un peu partout dans les déserts, depuis le Sahara jusque dans le désert de Thar en Inde. Il s’agit de Calotropis procera. Ce n’est pas une succulente, mais une plante particulièrement résistante à la sécheresse. Elle est surnommée « pomme de Sodome », car le fruit  bien rond et appérissant est trompeur, il est en effet vide de pulpe à l’intérieur. La plante sécrète un latex toxique ce qui n’empêche pas les chêvres de la consommer avec appétit ! La pomme de Sodome (que certains appellent malicieusement « couille de sergent » en raison de la forme de ses fruits, trouve de multiples usages dans la pharmacopée locale.

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Calotropis procera. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

 Sur cette large plaine, les pluies (rares) font apparaître une microvégétation extraordinaire dans ses capacités d’adaptation. Certaines Papilionacées (aujourd’hui Fabaceae) comme Indigofera sokotrana servaient à l’obtention de la teinture indigo.

L’un des plus beaux endroits de l’île est certainement Qalansyah et ses eaux turquoises. Les plages de galets sont couvertes d’Adenium socotranum polymorphes qui arrivent à pousser à quelques dizaines de mètres seulement de l’océan. Le climat y est pour beaucoup, les températures annuelles variant de 27 à 37 °C à cette latitude.

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Indigfera socotrana. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

La végétation sauvage menacée par les chèvres

Un animal introduit alimente la polémique puisqu’il est réputé détruire de nombreuses plantes. Il s’agit de la chèvre dont la population et évaluée à environ 70 000 pour toute l’île. En fait, de récentes recherches ont démontré que les chèvres ne sont pas forcément à l’origine de toutes les menaces qui pèsent sur les plantes de Socotra. Seules certaines espèces sont directement affectées par leurs habitude alimentaires comme les Dorstenia gigas.

Par exemple, le croton de Socotra, Croton socotranus est brouté à outrance par les chèvres, mais il est loin de présenter des signes de danger d’extinction, bien au contraire. Il ne faut pas non plus oublier l’importance zoo-économique de l’élevage caprin pour les Socotris, dont les ressources, à part celles provenant de l’océan, sont plutôt restreintes. Malgré cette introduction, la faune locale reste importante avec plus d’un millier d’espèces terrestres.

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Dorstenia gigas. ©www.map-photos.com – Joël Lodé

  Toutes les photos illustrant cet article sont soumises au droit d’auteur et diffusées par la photothèque MAP/Mise au Point : www.map-photos.com

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