19/04/2024

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Lutter contre la renouée du Japon

Existe-t-il un moyen efficace pour lutter contre la renouée du Japon ? (Bertrand de Varennes sur Allier)

La renouée du Japon (Reynoutria japonica), que l’on appelle aussi parfois Fallopia japonica ou Polygonum cuspidatum, est une plante herbacée vivace au feuillage caduc ovale de 15 cm de long, qui développe des tiges creuses, rougeâtres, de 2,5 à 4 m de haut. D’août à octobre, la renouée porte des grappes vaporeuses de 8 à 12 cm de long, formées de minuscules fleurs blanches. Le système racinaire rhizomateux très puissant en fait une plante conquérante, capable de croître de 1 m en un mois. Originaires de Chine et du Japon, les renouées sont présentes en France depuis une soixantaine d’années, introduites comme plantes ornementales. Produisant près de 3 kg de biomasse (racines comprises) par mètre carré, ces plantes menacent la végétation indigène, dégradent les berges et obstruent les cours d’eau en automne par leurs tiges mortes. Ces adventices figurent sur la liste des espèces envahissantes contre lesquelles il faut obligatoirement lutter. Sachez que le moindre fragment de rhizome permet la régénération de la plante, d’où la grande difficulté que représente son éradication.

Outre la renouée du Japon, la renouée des îles Sachalines (Fallopia sachalinensis) que l’on reconnaît à ses feuilles plus grandes (jusqu’à 35 cm), doit aussi être considérée comme envahissante. Ces deux espèces se sont croisées pour donner naissance à l’hybride : Fallopia x bohemica. Ces plantes, qui portent le nom générique commun de « grandes renouées », se développent dans les sols marécageux, consistants, fortement minéralisés et dans les terres nouvellement travaillées.

Dans la conquête naturelle de nouveaux espaces qui est le propre du monde végétal, la renouée du Japon possède une bonne longueur d’avance sur ses concurrents végétaux car elle se développe très vite dès le début du printemps grâce aux réserves exceptionnelles de ses rhizomes, elle laisse passer peu de lumière sous son feuillage dense, se racines émettent des substances toxiques dans le sol, son système racinaire très étendu lui permet de traverser des obstacles comme un dallage, la dispersion de la plante est encore plus efficace grâce au grand nombre de bourgeons présents sur ses rhizomes.

La prolifération de ces plantes entraîne conséquences lourdes pour notre environnement. La renouée du Japon éliminant toute concurrence végétale, elle prive de fait la faune locale de son habitat naturel. Très présente en bordure des cours d’eau, elle accélère l’érosion des berges. Elle uniformise les paysages, coupe les vues et empêche toute activité humaine dans les milieux qu’elle colonise

• Lutte

Les méthodes de lutte s’avèrent très difficiles et d’une efficacité limitée. L’arrachage des plantes, associé à un dessouchage minutieux semble de loin la meilleure solution, mais c’est long, fastidieux et pénible. On peut envisager l’élimination à moyen terme de ces plantes par une coupe régulière de leur végétation. En les tondant tous les 15 jours d’avril à fin septembre, il est possible en quatre à cinq ans de les voir disparaître…

La couverture du sol par un géotextile, suivi de la plantation d’arbustes à croissance rapide comme les saules, semble donner des résultats encourageants. Mais il faut compléter l’opération par des désherbages manuels réguliers.

L’emploi d’herbicide s’avère peu efficace à terme et surtout doit être totalement banni à moins de 5 m de tout point d’eau.

Le développement des renouées étant limité dans leurs pays d’origine par divers prédateurs, la lutte biologique semble une perspective prometteuse. Des essais sont actuellement en cours… Deux voies semblent possibles :

• Inoculer à la renouée la maladie des taches foliaires (Mycosphaerella polygoni-cuspidati), un champignon qui provoque une destruction rapide de son feuillage. La maîtrise de la technique est délicate car le cycle biologique du champignon est complexe et le processus d’infection étroitement liée aux conditions environnementales. Malgré tout, les tests réalisés depuis deux ans sont très prometteurs, mais ils restent au stade expérimental.

• Introduire la psylle de la renouée du Japon (Aphalara itadori), une sorte de mini cigale de 2 mm de long, qui ne s’attaque qu’aux renouées. Des essais sont menés en Angleterre où les dégâts des grandes renouées coûtent à la collectivité 150 millions de livres (165 M€) par an. C’est la première fois qu’une méthode de lutte biologique contre la végétation indésirable est autorisée dans l’Union européenne.

Mais pour l’ensemble de ces méthodes, il faut se montrer prudent, l’introduction de tout organisme étranger dans un biotope pouvant entraîner des conséquences inattendues et désastreuses comme cela a été le cas avec la coccinelle asiatique (Harmonia axyridis).

• En illustration : renouée du Japon en fleurs

©Photo : www.map-photos.com – Paul Nief

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