10 AVRIL : JOUR DU GAINIER, UN ARBRE AUX FLEURS D’EXCEPTION
Le gainier s’épanouit vers la mi-avril. ©MAP/Mioulane
Pour le vingt et unième jour du mois de germinal, le calendrier républicain français a officiellement décrété comme symbole le gainier. Il s’agit de l’ancienne appellation de l’arbre de Judée (Cercis siliquastrum), un bel arbuste ou petit arbre de la famille des Fabaceae (légumineuses), qui porte aussi les noms vernaculaires suivants : arbre d’amour, arbre de feu, arbre de Judas, bouton rouge et le très curieux et très désuet « saugras ». Le genre Cercis a été créé en 1753 par Carl von Linné (1707-1778) du grec kerkis, navette de tisserand, mot qu’employait Théophraste (-371 à -287) pour désigner les gousses des Légumineuses. Dix espèces sont reconnues par la nomenclature internationale dont certaines sont américaines (Cercis canadensis par exemple).
L’arbre de Judée présente la particularité intéressante de porter ses fleurs en bouquets directement sur le tronc et les branches. c’est ce que les botanistes nomment la cauliflorie (littéralement les fleurs sur les tiges). Originaire des zones sèches, calcaires et rocheuses de la Méditerranée orientale, Cercis siliquastrum a sans doute été rapporté dans nos régions par les croisés qui l’ont rapporté, le liant symboliquement à la Passion du Christ.

Les branches de l’arbre de Judée se couvrent de fleurs sur toute leur longueur. ©www.map-photos.com – GWI
La potence de Judas
L’arbre de Judée poussant en abondance en Palestine, il est normal que de nombreuses croyances liées aux épisodes de la Bible lui soient dédiées. On l’appelle parfois « arbre de Judas » car l’histoire veut qu’après avoir trahi Jésus, Judas se soit pendu à l’une de ses branches.
On dit aussi que les fleurs de Cercis symbolisent les larmes du Christ ; leur couleur rose violacé évoquant la honte qui aurait empourpré le front de Judas après son forfait. Mais il existe aussi un cultivar à fleurs blanches : Cercis siliquastrum ‘Album’.

Le très élégant arbre de Judée à fleurs blanches. ©www.map-photos.com – N. & P. Mioulane
Un arbre aux feuilles en cœur
L’arbre de Judée mesure jusqu’à 10 m de haut. Il développe un ou plusieurs troncs un peu tortueux, qui se ramifient en branches irrégulières et rougeâtres, les rameaux formant des zigzags.
Les feuilles, alternes et longuement pétiolées, dessinent un cœur à la base, puis le limbe, vert à la face supérieure et vert glauque à la face inférieure, s’arrondit. La coloration automnale offre souvent une belle dominante jaune d’or.
Les fleurs apparaissent avant le feuillage. Papilionacées et portées par un pédoncule d’environ 2 cm de long, elles sont réunies en petits bouquets par 6 ou 8. Le calice pourpre possède cinq dents larges et courtes. La corolle, rouge violacé, avec un étendard plus court que les ailes, dispose de dix étamines libres. Très légèrement parfumées, elles attirent bien les pollinisateurs. Le fruit est une gousse pendante et plate de 10 à 15 cm de long, qui se pare d’un beau violet vif avant de sécher et de persister longtemps sur l’arbre.

Les gousses de l’arbre de Judée apportent aussi une touche décorative. ©Flora
Un arbre protecteur des fruitiers
La plantation d’arbres de Judée près des vergers est une option intéressante dans les programmes de PBI (protection biologique intégrée). En effet, Cercis siliquastrum est couramment parasité par la psylle de l’arbre de Judée (Cacopsylla pulchella), un insecte ravageur (piqueur-suceur) présent sur l’arbre au printemps et qui migre en juin. Les prédateurs de cette psylle, des punaises du genre Anthocoris, commencent par dévorer les psylles de l’arbre de Judée, avant de migrer dans le verger pour consommer les psylles du pommier, du poirier ou de l’olivier, qui appartiennent à des espèces différentes, mais tout aussi appétentes pour l’auxiliaire.

Psylle de l’arbre de Judée. ©Garcia Kunz
L’arbre de Judée dans le jardin
Cercis siliquastrum fait partie des espèces les plus faciles à réussir dans les sols à dominante calcaire. Du fait de son origine méridionale, il convient de l’installer dans un emplacement plutôt abrité (mais il résiste sans problème à -15 °C) de manière à profiter d’une floraison maximale.
La taille est inutile si l’arbre présente une silhouette harmonieuse. Au besoin, intervenez sitôt après la floraison.
Les jeunes arbres apprécient une couche de paillis organique pour conserver le pied au frais durant l’été.

Toute l’élégance de l’arbre de Judée s’exprime ici dans le jardin du Moulin de la Souloire (33). ©www.map-photos.com – N. & P. Mioulane
Acheter un arbre de Judée
La plupart des jardineries proposent couramment cette espèce. En revanche, la forme ‘Alba’ à fleurs blanches est beaucoup plus difficile à trouver (les pépinières Minier la produisent).
Si vous souhaitez acheter sur Internet un arbre de Judée du jeune plant au gros sujet à fleurs roses de plus de 2,50 m de haut, cliquez sur le lien (texte en bleu)
La plupart des photos illustrant cet article proviennent des collections de la photothèque MAP/Mise au Point et sont soumises au droit d’auteur : www.map-photos.com

L’arbre de Judée peut vivre très longtemps et former un tronc extraordinaire comme chez ce spécimen du square Elmelik de l’Haÿ-les-Roses (94). ©www.map-photos.com – Minier