Boule de buis. ©MAP/Mioulane
Seizième jour du mois de pluviôse du calendrier républicain français, le 4 février est officiellement dénommé « jour du buis. » Cet arbuste est une plante de France, que l’on rencontre dans les régions septentrionales au sol calcaire. C’est aussi une excellente plante de jardin dont on apprécie le feuillage toujours vert, mais aussi la facilité à le tailler dans toutes les formes imaginables. Le buis fait partie des incontournables, aussi à l’aise dans les jardins classiques (broderie à la française, topiaires) que dans les compositions les plus design des jardins urbains. C’est une plante que vous pouvez vous procurer sans problème dans toutes les jardineries.
Le buis, plante indigène de France
Créé en 1753 par le naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778), le genre Buxus a donné son nom à la famille des Buxaceae. Cette dernière comprend seulement cinq genres dont le Sarcococca et le Pachysandra des plantes couramment utilisées dans les jardins. Les deux autres : Didymeles et Styloceras sont des plantes exotiques, inconnues en Europe.
Selon la nomenclature internationale officielle, le genre Buxus se décline en 104 espèces (plus quelques sous-espèces) d’arbustes et d’arbres persistants, que l’on rencontre sur les collines rocailleuses et dans les forêts d’Europe, d’Asie, d’Afrique et d’Amérique centrale. On cultive principalement dans les jardins de France, le buis commun (Buxus sempervirens).
Un jardin contemporain de buis créé par les paysagistes Morgan & Neal. ©www.map-photos.com – N. & P. Mioulane
Le buis vit très longtemps
Pouvant atteindre l’âge canonique de 500 ou 600 ans, le buis pousse lentement, formant d’épais buissons qui dépassent rarement 5 m de haut. On estime qu’un buis possédant un tronc de 5 cm de diamètre est centenaire.
Bien que son feuillage soit persistant, le buis supporte des froids intenses et il réussit au jardin dans toutes les régions. Attention toutefois, les jeunes pousses peuvent griller à la suite d’une gelée tardive, mais ce problème, assez spectaculaire sur le plan visuel car il se traduit par une décoloration et un brunissement, est sans conséquence fâcheuse. En effet, dès le réchauffement printanier la plante renouvelle rapidement son feuillage abîmé.

Le buis de Maucomble en Seine-Maritime est âgé d’au moins 500 ans. Il mesure 7 m de haut et 33 m de circonférence. ©Dr.
Des feuilles assez malodorantes
D’aspect coriace vernissé, les feuilles du buis sont opposées, entières, lancéolées ou arrondies, d’un vert soutenu brillant. Lorsqu’on les froisse, elles dégagent une odeur curieuse et peu agréable, qui évoque nettement l’urine de chat, surtout par temps humide.
Au printemps (mars/avril), les fleurs unisexuées (en général une femelle entourée de plusieurs mâles à anthères jaunes) forment des étoiles jaunâtres sans aucun intérêt ornemental. En revanche, elles sont très appréciées des abeilles.
En très gros plan, les minuscules fleurs du buis. ©Leo Michels
Le buis, plante à tout bien faire dans le jardin
Dans un but décoratif, car le buis possède d’autres vertus, cet arbuste est surtout utilisé au jardin pour constituer des haies basses ou moyennes, des topiaires (plantes sculptées) ou des bordures. Le buis commun laissé libre peut aussi s’intégrer au premier rang des haies naturelles.
De sublimes haies de buis sculptées dans la Villa Gamberaia à Florence en Italie. ©www.map-photos.com – N. & P. Mioulane
Avec l’engouement pour les jardins structurés, qui, il est vrai s’intègrent magnifiquement dans le milieu urbain, le buis a retrouvé son prestige d’antan, alors qu’il avait été quasiment banni par les paysagistes dans les années 1970 et 1980.
Le buis fait partie des rares plantes qui conservent leur esthétique toute l’année en pot, ce qui contribue aussi à son succès intemporel. Un contenant de 30 cm de côté convient idéalement.
De jolies boules de buis en pots sur une terrasse. Paysagiste Robert Myers. ©www.map-photos.com – N. & P. Mioulane
Les conditions pour réussir le buis
Le buis apprécie tous les types de sols riches, bien drainés, de préférence argilo-siliceux. Le calcaire lui convient très bien. Une terre silico-argileuse, légèrement humifère pour qu’elle reste fraîche en été est idéale, d’où la nécessité d’effectuer des apports de matières organiques à la plantation. Une exposition mi-ombragée est mieux tolérée qu’un soleil intense.
La plantation ne pose guère de problème, y compris pour les gros sujets, car le buis développe un réseau de fines racines très ramifiées. Les très jeunes sujets peuvent même être plantés à racines nues, durant la période de repos végétatif (octobre à mars) bien sûr.
Le buis apprécie une lumière tamisée et les terres qui restent fraîches en été. ©www.map-photos.com – N. & P. Mioulane
Taille et entretien du buis
Les buis supportent une coupe régulière du feuillage, ce qui constitue l’une de leurs principales qualités. Ils acceptent même une sévère taille de rajeunissement en mai, à condition de bien les fertiliser par la suite (il existe des formules spéciales buis) et de pailler le sol pour éviter tout dessèchement.
Arrosez les buis en pots une fois par semaine lorsque la température est comprise entre 15 et 20 °C, tous les 5 jours jusqu’à 25 °C et tous les deux jours par temps vraiment très chaud. Une bonne douche du feuillage chaque soir de canicule est également conseillée.
Arrosez régulièrement les buis en pots. Ici à Isola Bella en Italie. ©www.map-photos.com – N. & P. Mioulane
Les buis les plus cultivés
Au jardin, le buis commun (Buxus sempervirens) est de loin le plus employé. On appréciera dans les massifs les cultivars à feuilles panachées : ‘Argentea’, ‘Argenteovariegata’, ‘Aureovariegata’, ‘Elegantissima’ ou ‘Latifolia Maculata’. Pour réaliser des topiaires : cônes, pyramides, spirales et colonnes étroites, préférez Buxus sempervirens ‘Hollandia’ ou ‘Pyramidalis’
Sans doute un peu moins élégant, ‘Rotundifolia’ développe des feuilles plus grosses que l’espèce et pousse plus vite. On l’emploie donc plus couramment dans les haies libres.
Buxus sempervirens ‘Latifolia Maculata’. ©www.map-photos.com – N. & P. Mioulane
Le buis d’Angleterre Buxus sempervirens ‘Handsworthensis convient bien à la formation de boules, tandis que l’on utilisera les formes naines ‘Herrenhausen’ ou ‘Suffruticosa’ pour constituer des bordures. Buxus sempervirens ‘Suffruticosa’ est une forme naturellement naine dont les feuilles ne dépassent pas 2 cm de longueur.
Pour former une bordure de buis, on dispose de jeunes boutures ou des petites touffes les unes contre les autres dans une tranchée.
Des boules en buis d’Angleterre Buxus sempervirens ‘Handsworthensis avec des Allium. Paysagiste Diarmuid Gavin. ©www.map-photos.com – N. & P. Mioulane
Menaces sur les buis
Les buis sont attaqués depuis quelques années par deux maladies cryptogamiques spécifiques : Cylindrocladium buxicola et Volutella buxi qui provoquent le dépérissement de la plante. On redoute aussi beaucoup un papillon, la pyrale du buis (Cydalima perspectalis), originaire d’Asie et observée pour la première fois en France en 2008, dont les chenilles font des ravages sur le feuillage.
Les dégâts sont tels et les solutions de soins pas toujours satisfaisantes que l’on craint aujourd’hui pour l’avenir des buis ce qui serait dramatique, tant ils font partie intégrante des jardins historiques à la française.

Les buis de Vaux-le-Vicomte sont sérieusement menacés par les attaques de la pyrale. ©www.map-photos.com – N. & P. Mioulane
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Les photos illustrant cet article sont soumises au droit d’auteur et distribuées en exclusivité par l’agence MAP/Mise au Point : www.map-photos.com
L’extraordinaire jardin de Marqueyssac en Dordogne est composé de 150 000 buis, tous taillés à la main. ©www.map-photos.com – N. & P. Mioulane